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Le blog de Saamarande
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18 novembre 2007

Un peu de lecture.

Par Jean-Michel Valette,

Besoin d’idées cadeaux pour Noël?

Pour se remettre les neurones à flot tant ils sont parfois dispersés et noyés dans pléthore de références électroniques, rien de tel que la fréquentation de deux bons ouvrages.

Le premier se savoure tel un marron glacé au pied du sapin – pour ceux qu’un peu de philo n’effraie pas trop quand même ! - tellement il est enrichissant, agréable à lire et fait du bien à notre conscience citoyenne.

Le second est un ouvrage de référence sur la notion d'information.

L'obscénité démocratique, tout d'abord, dernier petit opus de Régis Debray - le philosophe-médiologue – est un essai sur « la société du spectacle ».

Le point de départ de la réflexion de R. Debray est un footing estival très médiatisé tout de Nike vêtu d'un certain personnage qui a fait et continue de faire régulièrement la une de l'actualité et de nombre de magazines...Tiens, cette semaine il fait encore la Une de Marianne... Commencez-vous à deviner de qui il s’agit?

Footing très médiatisé qui est l'occasion d’une réflexion sur le réel et le symbolique et plus précisément sur le déclin du symbolique dans nos sociétés d’image.

Le symbolique, pour R.Debray, c'est tout ce qui donne une signification à la réalité, en l’inscrivant dans une  histoire, par opposition aux – fausses- religions ambiantes du fait brut et incontestable, de l’information instantanée, de la transparence absolue et du « présent perpétuel ».

Le symbolique réinscrit l'événement dans un réseau de symboles, de signifiants, comme disent les linguistes, le rendant accessible à la compréhension.

Notion temporelle - il invite à une vision historique des problèmes, à une anamnèse – le symbolique a aussi une dimension spatiale : il incite à une vision non morcelé et donc globale du réel ou d'un problème. « La caméra numérique, l'enregistrement 'live' nous offrent un lambeau de ce qui est arrivé, non une vue du global tel qu'il va. »

Sans le symbolique, nous dit R.Debray, « la politique devient le tout-à-l'égo d'un pays en proie aux tyrannies de l'audimat, de l'émotif et de l'intime ». Le fait dominant dans nos sociétés gavées d'images mais privées de symboles, amnésiques, est la « réaction » plutôt que l'action durable: « [...] Obscène est  donc la société produite par le 'proximité, réactivité, convivialité' qui efface des frontons notre 'Liberté, Egalité, Fraternité'... »  C'est « le triomphe du cotonneux correct, du convenu et de l'insignifiant ».

Toute la différence est là : entre être un véritable « acteur » social – au sens théâtral du terme, c'est-à-dire agir de façon durable sur le théâtre du monde, et faire son cinéma ou son show à la télé... Deux idées du spectacle et du spectaculaire qui s'opposent. « Le théâtre naissant a vu la démocratie naissante; le théâtre finissant, la démocratie finissante ».

Cette petite dialectique du réel et du symbolique, du show et du théâtre, n'a donc rien d'abstrait, de précieux ou de lointain, comme on pourrait le croire au premier abord mais, au contraire,  façonne en profondeur l'action politique et la société.

Au fil de sa réflexion l'auteur illustre sa thèse de nombreux exemples tirés de l'art, de la politique, du théâtre, de l'école, de l'actualité, la littérature...

Au final, nous ne sommes pas obligés d'être d'accord avec tout ce qui est avancé dans cet essai, mais celui-ci constitue tout de même un éclairage certain sur la « société du  spectacle » dans laquelle nous évoluons!

Le second ouvrage dont je voulais vous parler – je vous rassure, je serai beaucoup plus court – est une véritable somme à propos de la notion d'information. Il s'intitule Le zéro et le un: histoire de la notion scientifique d'information et a pour auteur Jérôme Segal,  historien des sciences et maître de conférences à l'IUFM de Paris. A travers la notion d'information, c'est un véritable panorama des théories scientifiques du 20° siècle qui nous est également proposé.

De l'origine de la théorie de l'information, à savoir les précurseurs, Shannon et la cybernétique (première partie) à son développement multidisciplinaire (deuxième partie) pour terminer par son rapport avec la politique et l'histoire et les questionnements qui la traversent et sous-tendent son unité (troisième partie).   

Tout un chapitre est notamment consacré à l'analogie entre l'information et l'entropie – et à la controverse que cette analogie suscite -  développée par le physicien Léon Brillouin et dont nous avions parlé dans un précédent billet. Deux autres chapitres sont consacrés au développement multidisciplinaire de la théorie de l'information : extension aux sciences humaines et aux sciences du vivant...

Par ailleurs, si nous voulons tout savoir sur la naissance d'internet - comme si nous y étions - avec le réseau ARPA, le poids réel de l'engagement militaire, il faut absolument consulter cette bible de l'information! Tiens...une autre bonne idée de cadeau pour Noël!

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Commentaires
J
Je confirme, je l'ai feuilleté cet après-midi et ça fait peur! Pour ceux qui comme moi préparent le capes de doc sur ce thème de la communication, de la parole manipulée les ouvrages de Phillipe Breton comme "La parole manipulée" et "L'utopie de la communication" me semblent également intéressants.
J
Sur la société du spectacle, il y a aussi l'excellent livre de Christian Salmon "storytelling..."
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