Médiologie en clair

Par Jean-Michel Valette
Une petite remarque préliminaire.
En effet Julie, ce bref exposé sur la médiologie semble pour le moins abscons! Ca ressemble tout de même plus à la retranscription faite par un tiers d'une conférence de Régis Debray qu'à un exposé didactique de sa doctrine. Le débat qui suit avec Roger Chartier laisse à penser qu'il s'agissait d'une conférence-débat...De plus, pas de date (sinon celle de parution de la revue), pas de lieu où s'est tenu ce débat...
On aimerait en savoir un petit peu plus sur les conditions de production de ce texte!
...Tout ça pour dire que le peu que j'ai lu de l'oeuvre de Régis Debray, est beaucoup mieux écrit, beaucoup moins repoussant(et même carrément intéressant voire passionnant), plus illustré et plus clair que ce qui est contenu dans le texte!
Contrairement à ce que l'appellation pourrait laisser supposer la "médiologie" - terme et "discipline" créés par Regis Debray - ne se limite pas à l'étude et au seul champ des "médias".
Laissons Régis Debray nous parler de sa discipline et de son objet. Plus qu'une discipline nouvelle d'ailleurs, la médiologie est une "démarche", comme il dit. (Attention, je vais faire ici usage du droit de "courte citation" que nous laisse encore généreusement l'article 122-5 alinéa 3 a) du Code de la propriété intellectuelle!)
L'objet central de la médiologie est la question de la transmission et au premier chef la transmission culturelle. "Une discipline est ici proposée qui a pour objet les faits de transmission" écrit-il en quatrième de couverture de son Cours de Médiologie générale.
Et la question centrale de la médiologie ce sont les rapports - réciproques - les interactions, entre communication et transmission. L'oeuvre de Régis Debray repose entièrement sur cette distinction capitale entre "communication" et "transmission". C'est, notamment, celle-ci qui lui permet d'analyser avec une originalité une acuité saisissante "l'esprit" de notre époque où l'on confond, selon lui, aisément(et souvent pas innocemment) "communication" et "transmission", où, comme il dit dans Des machines et des âmes (p.15), "l'ubiquité" (être présent partout)est plus valorisée que la "pérennité" (agir de façon durable) et la "téléprésence" plus que la "présence réelle"...Et, toujours dans Des machines et des âmes, de parler à propos de notre époque de mondialisation de "bévue connective" (p.15).
"Communiquer, c'est l'acte de transporter une information dans l'espace et transmettre, transporter une information dans le temps"(p.12 et 13).
(Les questions que soulèvent de R.Debray rejoignent tout a fait les préoccupations du monde enseignant concernant l'éducation à l'information et me font penser au thème d'une université d'été qui a eu lieu l'an dernier et dont le thème était, je crois, "de l'information à la connaissance".)
Et pour finir cette mini-présentation de la médiologie, cet extrait de la quatrième de couverture Des machines et des âmes, qui est vraiment une bonne introduction à la médiologie: "Les savoirs et les techniques du communiquer éclipsent, à notre insu, les arts de transmettre. Le médiologue s'efforce d'analyser ces médiations techniques de la culture, cette dimension machinique des formes hautes de la vie symbolique. Il le fait ici sur trois sujets d'actualité: la transmission des valeurs et la conservation de la mémoire collective sur la longue durée, le rôle des intellectuels et leurs capacités d'influence dans le nouveau contexte technique des moyens de communication, nos voyages quotidiens dans l'espace et les conséquences sur "l'auto-mobilité" de notre culture."
Ne pas hésiter non plus à consulter les quatrièmes de couvertures des ouvrages de Régis Debray qui sont disponibles sur son site: http://www.regisdebray.com/content.php?pgid=bibthema notamment celles des ouvrages "Transmettre", "Des machines et des âmes", "Cours de médiologie générale", "Introduction à la médiologie".